Café Toro 25 février 2023

Compte de rendu du Café Toro

La revue Toros bientôt centenaire

Depuis 1925, la plus ancienne revue taurine nationale a traversé les années presque sans interruption. Seule la seconde guerre mondiale l’y obligea. Aujourd’hui anachronique tant dans son contenu que dans son fonctionnement, la revue Toros revendique un millier d’abonnés et une envie toujours intacte d’indépendance.

Dans les années 20, une dizaine de supports papier offrait de l’information taurine aux aficionados. Toril, sous la forme d’un journal de 4 pages était le plus important ; Biou y Toros prenait en compte les deux tauromachies locales. Créée par Miqueleta (Marcelle Cantier), cas unique d’aficionada intrépide et libre au point de partir en Espagne en voiture avec une amie pour couvrir une corrida, la revue devient Toros avec son fils, Francis Cantier (Paquito). Puis suivront l’iconique directeur Pierre Dupuy, le rigoureux Joël Bartolotti et le courageux Francis Fabre qui en ce samedi de février était l’invité de la Coordination des Clubs taurins de Nîmes et du Gard.

Courageux, il fallait l’être au moment où vacillait l’avenir de la revue, face au virage du numérique. Arc-bouté sur son afición, l’équipe de 10 personnes qui tient aujourd’hui les rênes de Toros a choisi de relater l’actualité taurine sous une forme différente que celle offerte par l’immédiateté des supports numériques actuels. Francis Fabre demande plus à ses chroniqueurs une analyse de la course qu’ils ont suivie, plutôt qu’un compte rendu formel (même s’il doit continuer d’être précis comme l’ont toujours été les articles par le passé). La ligne éditoriale est complétée par une approche précise et poussée de «la vérité de la Lidia…le toro dans sa plénitude». Sans publicité pour les phagocyter, sans demandes de callejons aux empresas, en payant eux-même leur place de corrida, les revisteros de la revue sont libres de leur point de vue et de leur plume. Une caractéristique exceptionnelle qui, si elle indispose certains, enchante les abonnés ou les lecteurs ponctuels. Francis Fabre constate que régulièrement des lecteurs espagnols viennent chercher cette indépendance dans les colonnes de Toros qu’ils ne retrouvent pas dans les revues ibériques…pour celles qui persistent encore !

Après avoir perdu toutes ses archives lors des inondations historiques de 1988, la revue est elle-même devenue source archivistique grâce aux précis compte-rendus, bilans et autres index faciles à consulter et à retrouver dans une collection.

Avec une moyenne de 40 collaborateurs et 20 photographes Toros approche donc du centenaire, non sans difficultés : l’Aficion n’allège pas pour autant la tâche des bénévoles et le prix du papier vient de justifier d’une augmentation de 2 € (l’abonnement de 83 € pour 24 numéros est plus avantageux qu’au numéro à 4,30 €).

Souvent accusée d’élitisme par ceux qui ne la lisent pas, la revue Toros ne renie pas son souci de rigueur et d’authenticité. Elle ne refuse pas non plus l’idée d’une certaine évolution, mais celle-ci ne peut être portée que par le même soucis d’abnégation et de bénévolat qui a toujours prévalu dans son existence. Or, pour une édition régulière de qualité ce bénévolat confine à l’apostolat, ce qui freine les vocations et le recrutement.

Alors, à ceux que la belle aventure de l’écriture tenterait…à vos plumes (ou a vos mails : toroscontact@gmail.com).

Eric DUMOND (Président des Amis de Toros) et Francis FABRE (directeur de la revue).