Considérant que le public est un acteur incontournable des spectacles tauromachiques, et que son comportement peut influencer directement le déroulement de celui-ci, les Clubs taurins de la Coordination de Nîmes et du Gard ont proposé aux « jeunes aficionados » (qui ne sont pas tous des aficionados jeunes !), de venir former leur regard et confronter leurs points de vue au cours de « visites guidées de la tauromachie » organisées un mercredi par mois dans les locaux de la Coordination, alors situés salle El Cordobès de l’hôtel Impérator à Nîmes.

De même qu’il importe que les professionnels taurins soient les formateurs des futurs acteurs de la corrida, nous pensons qu’il appartient aux aficionados militants d’informer et former les publics à appréhender ce spectacle complexe et d’aider à en comprendre son déroulement du point de vue du spectateur, qui peut être très différent de celui des intervenants.
Il ne s’agissait pas de « formater » le spectateur-consommateur, à un regard unique, mais de lui donner des clés de lecture du spectacle auquel il assiste.

A cette occasion nous réaffirmions et affirmons encore que les regards portés sur la corrida se doivent d’être pluriels et variés, et que nous refusons d’enfermer les aficionados dans des démarches dogmatiques.
L’aficionado expérimenté a beaucoup à apprendre, lui-même, de la rencontre avec un néophyte et cela lui permet d’élargir sa vision en l’obligeant à sortir du carcan de ses « certitudes » : le véritable aficionado sait que la tauromachie est une école d’humilité et de modestie qui remet en cause un jour ce que l’on tenait pour certain la veille.

Les « visites guidées » ont été organisées en cycles d’un trimestre, au rythme d’un fois par mois, sur une durée d’environ une heure,articulée autour de trois tiers temps : une partie consacrée à la lecture de l’aspect et du comportement du toro, une partie consacrée à la connaissance des gestes techniques et du déroulement de la corrida, et une partie permettant l’approche du cadre réglementaire des spectacles tauromachiques (chaque partie était distinguée par une sonnerie de clarines !).

Des « groupes pédagogiques » ont été constitués d’une dizaine de personnes afin de faciliter les échanges et la communication et l’approche a été faite à partir des questions des participants, plus que dans une conception de cours « académiques ».
Certains apports techniques ont pu être amenés par des professionnels taurins.

Chaque groupe pédagogique fut géré par un animateur  afin de faciliter la circulation de la parole, relancer les échanges, obtenir des précisions des intervenants. Pour cela, l’utilisation d’un jargon trop technique était évité, et lorsque celui-ci s’avèrerait utile, il en était donné des explications sémantiques. Cet animateur suivait le groupe, tout au long de son cycle, afin d’avoir une cohérence et une continuité dans les apports. Par contre, chaque partie de la soirée était présentée par un aficionado expérimenté, mais qui pouvait varier selon les séances afin que les contenus soient diversifiés. Il  s’appuya dans son intervention sur la « science » d’un professionnel.

A la fin du cycle trimestriel, une évaluation était faite par tous les participants du groupe, au moyen d’une fiche évaluative, afin de percevoir les améliorations à apporter à l’organisation et au contenu des séances.
La composition des cycles successifs tenait compte du niveau de connaissance des participants, en recherchant une complémentarité entre néo-aficionados et aficionados initiés.

Par cette démarche partagée la Coordination des Clubs Taurins de Nîmes et du Gard entendait amener sa modeste contribution à une meilleure perception des corridas et à élever le niveau technique des publics afin de garantir la qualité du déroulement des spectacles.
Elle entendait ainsi jouer pleinement son rôle de médiation culturelle.