COMPTE-RENDU

LE TOREO SEVILLAN

INTRODUCTION
Lecture d’un extrait du livre de Jacques DURAND – MORANTISSIME DE LA PUEBLA où il parle du style SEVILLAN dans son fond et dans sa forme.

DEVELOPPEMENT
Je vous ai lu le passage relatif à la « FORME »  et on va y revenir concernant les toreros les plus marquants, mais parlons du « FOND »
Qu’est-ce que le FOND du toreo SEVILLAN ?
Tout d’abord, il est lié a SEVILLE, au TERROIR DE SEVILLE, à l’esprit et à l’identité SEVILLANE, à la SENSIBILIDAD, que je traduirai par RESSENTI sévillan
Le TERROIR : Seville est la capitale régionale d’une terre de toro, où vivaient un grand nombre de familles Ganaderas. C’est une ville où la tauromachie est profondément enracinée.

De SEVILLE (et sa très voisine TRIANA) sont issus un grand nombre de toreros de renom, dont on parlera en détail après.

A Séville, la tauromachie est présente à tous les étages, à tous les postes de la profession.

LE TERRITOIRE, que j’appellerai donc TERROIR, comme en viticulture, est la base de ce qu’est le « SEVILLANISME », dont le toréo fait partie, au même titre que la façon de vivre, de se comporter. Si un TORERO NON SEVILLAN, s’installe a Seville pour y vivre et devenir toréro, c’est la ville, la vie qui va le façonner. Sa tauromachie va inexorablement s’en imprégner. C’est dommage qu’aujourd’hui nous n’ayons pas des toreros Nîmois invités pour en parler, mais ils sont justement à SEVILLE.

Concernant le RESSENTI (Ia sensibilidad donc), la perception de l’art, du temps y est propre et occupe une grande place dans la vie de tous les jours et donc dans le toréo.
Cela, je suppose, a forgé une identité particulière. On ne torée pas à Seville, on ne danse pas à Seville, comme partout ailleurs.

Pour Seville, un toréro doit avoir de l’art ,de la profondeur et (ce terme est souvent galvaudé) du DUENDE que je traduirai comme de l’inspiration soudaine.

La structuration de la faena, n’est pas le plus important.

Le détail fugace est immédiatement apprécié, et tel un éclair, cela donne lieu a un tonnerre de OLÉ.

La technique, le bagage pour toréer, c’est bien sur essentiel, mais quelque part l’aficion Sevillane s’en moque. Il faut que cela génère ce que le public attend : Le toréo SEVILLAN.

Concernant l’adversaire, le Toro, s’il est bon c’est grâce au ganadero, s’il ne sert pas, ce n’est pas grave, on le laisse passer. Mañana otro dia sera ! l’afición de Madrid est toute autre. là-bas le torero doit assurer.

LA FORME, L’EXPRESSION DU TOREO SEVILLAN
Pour moi, personnellement, c’est un toréo très particulier, pour lequel, en règle générale, le plus important est dans un premier temps le temple (le fait de donner une passe à la vitesse de la charge du toro), puis dans un second la lenteur, et dans un troisième, et c’est à ce moment-là que s’exprime vraiment le dominio, le ralentissement de l’embestida (charge du toro). Cela se traduit au final comme une caresse (acariciar al toro)
Ne dit-on pas que certains toreros arrêtent le temps ?

Techniquement, au départ de la passe le derrière du toréro est souvent en arrière, comme pour se protéger, les pieds sont a plats, contrairement au toréo Salmantino, voir Madrilène

Puis si l’embestida convient, alors, le torero se cambre, se rapproche du Toro, s’assied sur ses pieds, et TEMPLE

Enfin lorsque la tête du toro a passé le niveau de la hanche de sortie, le talon du pied de la jambe arrière se soulève. Tout le poids du corps est alors sur la jambe d’appui (dite jambe de sortie) la plus proche du toro, ainsi sans avancer la jambe, il charge la suerte. C’est dans cette troisième phase que s’exprime le dominio (domination), et à ce moment la commence le ralentissement de la passe.

Le cite a la muleta est souvent trasero

Une grande série de passes, pas forcément longue, doit être conclue par un détail (un adorno), un pecho pied joint, une trinchera, une firma , un molinete inversé ou pas, une passe del desden. Selon la beauté, on appelle cela « UN CARTEL DE TOROS »

En résumé, c’est un toréo fin, suave, souvent a base de passe données par le bas
On peut diviser le toréo sévillan en deux tendances, deux inspirations : La sevillana ou on profite de la charge du toro et on essaie de donner de l’empaque a la passe et a la faena. Le représentant actuel est Pablo AGUADO. En face il y a la trianera, plus « honda » (profonde), plus inspirée et plus complexe a effectuer surtout durant toute une faena . Le représentant actuel en est Juan ORTEGA.

Juan Ortega


Pablo Aguado

Je vais vous expliquer cela a travers d’extraits de films montrant à mon sens les toreros les plus représentatifs du toréo Sévillan, que sont :

Ciquez sur chaque torero pour voir un extrait video

Pepe Luis VASQUEZ
Manolo VASQUEZ
PACO CAMINO (MADRID)
Curro ROMERO
EMILIO MUÑOZ
Morante de la PUEBLA
Pablo AGUADO
Juan ORTEGA

Bien sur JOSELITO et BELMONTE en font bien sur partie, dans leur aspect créatif, mais pas spécialement dans leur expression artistique. Il est vrai que l’on ne toréé pas autrefois comme on le fait aujourd’hui. On peut aussi citer dans les toréros modernes Fernando CEPEDA, Daniel LUQUE, et d’autres, mais le temps imparti ne nous permet pas de les visionner.

LES PARTICULARITES DE SEVILLE ET DE SON PUBLIC
Le « OLÉ » sévillan explose. Un détail suffit a le faire jaillir, contrairement à MADRID ou il ne s’exprime pas forcement à la première passe, et dure plus longtemps dans son expression

SEVILLE est la seule arène ou la musique est autonome et peut jouer a tout moment (piques, banderilles, etc.) et s’arrêter d’elle-même si la faena baisse d’intensité. Elle est comme le public de la MAESTRANZA.
Au paséo c’est la seule arène ou le personnel de piste ne défile pas.
Il est une coutume de lancer aux toreros, un bouquet de romarins lors des vueltas. Est-ce en lien avec le Pharaon, la romeria du Rocio ?
Concernant le public, il est en général très bien habillé, surtout durant le « Farollillos »
Il est souvent « chauvin », mais si le toréo d’un extranjero, est dans les canons du toréo sévillan il est alors accepté (Ortega CANO, César RINCON, El JULI, MANZANARES père et fils).
Il y a bien sur des contre-exemples au toréo sévillan. Espartaco toréé différemment et était adulé par Séville, Les puertas gayolas sont appréciées, et si les figuras ont fait un jour une seule de ces portagayola, c’est à SEVILLE qu’il l’ont fait (Morante en 2007).

CONCLUSION
Il faut savoir qu’a Seville la tauromachie a été souvent une question de Dynastie de toreros (Sanchez Mejias, Gomez « El Gallo »).
Le toréo Sévillan est un label. Il est contagieux avec le public.
Dans l’esprit sévillan, il a eu souvent des oppositions (curristas et non curristas, Virgenes – Esparanza de Triana / Macarena. Joselito/Belmonte)
Le torero peut devenir une divinité, jusqu’à être statufié de son vivant.

J’ESPERE QUE CET EXPOSE VOUS AURA PLU, ET QUE SEVILLA AURA TOUJOURS UN COLOR ESPECIAL !

Curro Romero, statufié de son vivant sur le paseo Colón.