A l’occasion de Festival de Nîmes de Sevillanas, la Coordination s’est associée à l’association O Flamenco ! pour un CAFÉ-TORO exceptionnel le samedi 9 novembre animé par Vincent Roger. il a reçu Caroline GREGOIRE CHARMASSON, ancienne professeure de sevillanas et assesseure aux arènes de Nîmes pour évoquer les liens qui unissent ses deux pratiques, aussi bien pour ce qui est de leur(s) esthétique(s) mutuelle(s) que de leur(s) histoire(s) commune(s).

Les textes ayant servi de base à cette intervention comme son enregistrement audio sont à retrouver ci-dessous.

SEVILLANAS Y TOREO
Introduction présentée par Vincent Roger

Définition du TOREO
Désigne la technique et l’art de toréer. C’est la manière de combattre un toro en respectant les règles établies, pour faire de ce combat un spectacle d’art.
Le toréo est l’expression de concept de valeur, de technique et de sentiment
Il est propre a chaque toréro, qui le personnalise, comme le fait un danseur
C’est aussi une manière de toréer. On parle même de concept (toréo moderne, toréo pur, toréo tremendista)
Il définit même un art une région (toréo andalou)
Mais aussi une manière de toréer (toréo de salon)

Le Toréo présente des similitudes avec la danse sevillana

LES POINTS COMMUN entre la SEVILLANA et le TOREO
Tous d’abord les deux obéissent à des REGLES, bien codifiées
Trois tercios, réception et piques, banderilles et faena avec mort au final
Quatre tableaux, sous divisés eux-mêmes, en trois volets, avec l’amour au final du quatrième tableau.
Je trouve a titre purement personnel, qu’il y a une analogie entre les tercios et les quatre sevillanas En corrida Premier lors du premier tiers, et notamment au moment du capote on peut le mettre en corrélation avec la une et la deux(connaissance et séduction)
La pique et le second tiers des banderilles correspondent a la fâcherie,
Le troisième tiers, correspondant a la réconciliation lors de la faena de muleta avec en final l’Amour et la mort

La TECHNIQUE

Etre sûr de soi de sa technique « estar firme », cela se traduit par le Dominio de la situation lors d’une sevillana au rythme compliqué, et celui du Toro par la Matador
Le rythme, qui va crescendo dans la sevillana (la quatre est souvent plus rapide que les trois premières, ou du moins s’accélère au moment des cuarteos), à l’inverse d’une bonne faena, ou les passes se donnent de plus en plus lentement, le toro étant d’une part, dominé, et d’autre part ayant donné toutes ses forces dans le combat. Il peut arriver que les danseurs adoptent un court instant un rythme ralenti alors que la musique est toujours sur le même tempo, cela pour donner de l’effet a leur gestuelle. Dans le toréo, ce sera le temps d’une pase del desden, d’une firma, ou a l’inverse, d’un molinete inversé accéléré (cf. Morante)
Le compas qui consiste à être en phase avec le rythme de la musique. Il en est de même avec le rythme de la charge du toro.
Cela s’appelle « Le temple », dont la définition n’est autre que d’adapteret de synchroniser la vitesse de la passe a la vitesse et a la cadence de la charge du toro. Dans la SEVILLANA c’est la musique qui impose son rythme (Il y a des SEVILLANAS lentes et d’autres rapides). Dans la corrida, c’est le toro au début, puis le toréro au fur a et mesure de l’avancement de la faena, et de la domination qu’il exerce sur la bête. Ne dit-on pas de certains toréros qu’ils arrêtent les horloges « Paran el reloj ». Le Maestro devient le musicien, chez d’orchestre

La BEAUTE et la SENSUALITE
L’Art
Mot précieux, qui fait que dans une discipline celui qui l’exécute, atteint son apogée, son paroxysme. C’est lorsque tous les paramètres techniques répondant aux règles, sont pleinement maitrisés. De cette maturité se dégage la personnalité du toréro ou du danseur.
Cela donne naissance a des éléments bien connus dans le monde de la danse et du toréo Espagnol
LeGarbo,C’est l’émanessence de la personnalité. Il est déjà dans l’attitude générale. On le trouve dans la cambrure dans les attitudes dans le déplacement, La courbure et le cassé des mains (rumpir las manos)
L’empaque. Définition du dictionnaire de la REAL ACEDEMIE L’empaqueest fait de gravité et de sérieux avec une certaine rigidité et affectation. Ça veut tout dire !!!
Pour moi C’est peser, donner de l’importance a ce que l’on fait c’est subtil, mais ça se ressent de suite. Dans une arène ça se ressent dès les deux premières séries. Le toréro impacte et rentre en communication (plus tard c’est en communion) avec le public. Idem pour une danse
Laplanta torera, la planta bailadora. C’est avoir une allure de danseuse ou de toréro, une belle prestance, ne dit-on pas d’un danseur, il a la silhouette et la manière de se déplacer d’un torero
Le DuendeC’est la personnalisation de sa manière de danser ou de toréer. C’est faire une sevillana « su generis », ou faire une faena inspirée. Cela est le cas des toreros Artistes (Actuellement Morante ou Juan Ortega).
Fédérico Garcia Lorca l’a ecrit
Le duende est la capacité d’un artiste, qu’il soit chanteur, danseur ou musicien, à remplir la scène de sa seule présence et à émouvoir le public par l’expression de son art. Il ne s’agit pas tant du style ou de la correction absolue de la discipline que d’un don, l’état de grâce qui permet à l’artiste de devenir une expression vivante de l’art flamenco.

Ou bien un chanteur flamenco de Triana
« El Duende n’est pas dans la gorge, El Duende monte à l’intérieur depuis la plante des pieds ».

La chispa. C’est l’étincelle. C’est un détail propre sorti de nulle part. Chaque danseur ou torero en ont, lorsqu’ils sont en pleine maitrise de leur art ; C’est ce petit détail qui fait tout et surtout la différence C’est un trincherazo très court de Curro Romero, un molinete doublé d’un molinete inversé de Morante. Quand on en parle c’est souvent accompagné d’un claquage de doigt

AUTRES SIMILITUDES
Je vous les livre comme cela m’est venu
La profondeur de la passe. En tauromachie on appelle ça le « trazo largo » Pour la SEVILLANA, c’est la longueur ou le côté court, des pasadas, selon ce que choisissent intuitivement les danseurs.
En sevillanas, comme en tauromachie, les passages se font en ligna recta, ce qui permet de donner plus d’ampleur et d’effet. C’est en ligna recta que ce toréent les toros nobles et braves
Une gestuelle sensuelle tant pour l’homme que pour la femme. L’homme pour affirmer son côté masculin, peut êtreamené,notamment au moment des paseillos sur la une a ouvrir le compas, tel un toréro
La caresse. La passe d’un toréro est comparable à une caresse. Ne dit-on pas « ha acariciado el toro ». Lors des pasadas dans chaque Tableaux les deux danseurs s’effleurent, presque se caresse
La monté en puissance de l’émotion, de la jouissance du public, clôturé par des Olé !
Les palmas qui sont synonymes d’attente.Les palmas porburlerias s’étendent même aux arènes du sud de l’Andalousie (jerez) et autrefois a Nimes
Le positionnement des danseurs, avant le début de la danse, qui peut être comparé à la colocation d’un toréro avant le début de la série de passes (de la tanda).
Le « cite » de l’homme qui et de la main, et du pied déclenche le début de la danse. C’est assimilable à un « toque » de muleta
Bon nombre de figure ou de passada peuvent etre donnée par l’homme tel un torero (FILM)
La vuelta finale est comparable a un desplante

Enfin quelques toreros danse la sevillana comme il toréent (Castella, Ponce ), D’autres tel Alberto AGUILAR qui s’envoyait des « tios », a une chorégraphie très fleurie. Peut-être trouvait-il dans la danse la possibilité d’exprimer complétement sa personnalité, ce que les toros ne lui permettaient pas.
Un torero a composé une sevillana. Le banderillero Paco PENA
En conclusion, Séville le temps de la Feria est le lieu le plus érotique du monde : en tenue andalouse, robes moulantes à volants serrées au genou mettant en valeur la cambrure des reins et la courbe des fesses, les femmes ondulent souvent en couple toute la nuit. Cherchez leurs yeux quand elles dansent la sevillana, elles savent qu’elles sont regardées, mais vous n’aurez droit qu’à une ojeada, une œillade fauve à la dérobée qui vous happe et ne reviendra plus : chassez-en une autre du regard un peu plus loin, elle vous décochera la même flèche d’un quart de seconde sans retour.

je dirais que le toréo et la sevillana sont issus des racines de la terre andalouse, et sont la sublimation (avec le Flamenco) de l’art Andalou.

POR SEVILLANAS

par Caroline Grégoire Charmasson

El baile por sevillanas (autrement dit la danse sévillane) est une danse folklorique andalouse. On la danse dans les Ferias et les Romerias (les pélerinages) des di=érentes provinces andalouses, notamment lors de la Feria de Abril de Sevilla et la Romería del Rocío.

Cette danse est une variante régionale des séguidillas manchegas ou castellanas dont l’origine remonte à l’époque des Rois Catholiques (XVème siècle) qui a évolué au fil des siècles et s’est « aflamencado ».

El baile (la danse) à proprement parlé n’apparaît qu’au XVIIème siècle dans les corralones (les cours) où on se retrouvait entre voisins pour discuter, faire la fête…

Ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, lorsque la Feria de Abril fut créée en 1847 que l’on peut vraiment parler de sevillanas.

En 1884, elle est reconnue par la Real Academia Española (l’équivalent de l’Académie française) et fait son entrée dans le diccionario de la Lengua española :

Aire musical propio de Sevilla y tierras comarcanas, bailable y con el cual se cantan seguidillas.

• Air de musique propre à Séville et ses alentours sur lequel on danse et on chante.

El cante por Sevillanas est au départ un chant populaire qui se transmet par la « vox populi » de génération en génération.

Dans les années 50, les premiers disques de sevillanas font leur apparition. Les pionniers en la matière sont los Hermanos TORONJO, originaire de Alosno (Huelva) et los Hermanos REYES de Castilleja de la Cuesta (Sevilla).

A partir des années 60, des groupes se forment tels que :

  • Los Romeros de la Puebla
  • Amigos de Ginés
  • Los Marimeños
  • Ecos del Rocío
  • Cantores de Hispalis •…

    Et des chanteurs en solo se démarquent :

  • El Pali
  • Manuel Orta…
    et enregistrent de nombreux disques.

    Dans les années 80, c’est le boom, on apprend à danser las sevillanas partout.

    Pour ma part ma première cassette date de 1983, elle m’a été o=erte par Jean-Pierre Vidal, le poète, c’était une copie des sevillanes qu’il di=usait dans sa première bodega Emilio Muñoz qui se trouvait à l’époque dans le garage du Cheval Blanc (j’avais 8 ans).

    A cette époque-là, les coros rocieros issus des Hermandades de mettent aussi à enregistrer des disques :

  • La Raya Real
  • Coro de la Hermandad de Triana
  • Coro de la Hermandad de la Macarena…

    Enfin grandes cantantes de la copla comme Concha Piquer, Paquita Rico ou Lola Flores se sont initiées à ce registre tout comme de nombreux artistes flamenco (et ce bien que las sevillanas ne soient pas partie intégrante du Flamenco) comme la Niña de los Peines, Camaron, Potito, Chiquee, Miguel Poveda…

    Par ailleurs, un des plus grands compositeurs de Sevillanas n’est autre que Manuel Pareja-Obregón, petit- fils du torero el Espartero, frère du compositeur Juan de Dios Pareja-Obregón et oncle du torero Martin Pareja- Obregón.

    El baile por Sevillanas est une danse en couple (à 2).

    Certains racontent qu’au départ elles se dansaient entre femmes dans les corralones.

Cette danse se décline en 4 figures : la primera, la segunda, la tercera y la cuarta

D’ailleurs, une légende veut attribuer à chacune des parties de cette danse une connotation romantique : la rencontre, la séduction, la dispute et la réconciliation.

Chaque figure se décompose en 3 parties qui correspondent au couplet et au refrain.

On peut distinguer di=érents mouvements : les paseillos, las pasadas o cruces, las vueltas, los pasos de vals, los carreos ou el remate final.

Le compas (le rythme) est 3X4 = en 3 temps le 1er temps étant le + fort, les 2 suivants plus flojos (doux).

Cependant parfois le danseur ou la danseuse peut ralentir ou accélerer son mouvement tout en restant dans le compas/le rythme c’est ce qu’on appelle le temple.

La guitare est l’instrument de prédilection.

Cependant, las palmas, los palillos ou castagnettes, el cajon, la pandereta, la caña, la flauta, el tamboril voire le piano sont également des instruments qui accompagnent el cante y el baile por sevillanas.

Par ailleurs il existe di=érents styles de baile por sevillanas :

  • Sevillanas de Feria : celles qu’on chante et danse pendant les Ferias
  • Sevillanas rocieras: celles qu’on chante lors des Romerias

    notamment celle du Rocío

  • Sevillanas corraleras : les 1ères que l’on chantait et dansait en los

    corralones

  • Sevillanas boleras : sevillanes du début su XIXème siècle, influencé

    par le bolero

  • Sevillanas para escuchar : très lentes et difficiles à danser, il faut

    écouter les paroles.

    Enfin, les thèmes abordés par les sevillanas sont généralement une exaltation, un hymne à tout ce qui est andalou et en particulier sévillan.

On trouvera donc des sévillanes qui parlent de :

  • Sevilla : Sevilla tiene una cosa, que solo tiene Sevilla / Sevilla es la gloria de los cielos
  • El barrio de Triana (célèbre quartier) : Triana no es cualquier cosa, Triana tiene que ver / Cuando paso por el puente, Triana, contigo amiga mía
  • La Feria : Tocando los palillos van pa la feria / El alumbrao…
  • Semana Santa : Yo salgo el martes santo de penitente
  • Autres villes : Vamonos pa Jerez / Blanca y azul es la bandera de Huelva

    /YosoydelSur

  • La Romeria del Rocío :
  • El amor : el desamor / Deja que te mire / Sevillana para conquistar :

    mirala cara a cara

  • Cachonda/graciosa : Me casé con un enano, salerito pa hartarme de

    reir…

  • Critique :
  • Et bien entendu de TOROS : el embarque de ganado/ José Luis de Serranito : a mis amigos los toreros, yo les quiero dedicar / Sevillanas del Espartero /Maestranza de Sevilla Inma Vilches…

    Cette dernière thématique n’a rien de surprenant puisque las Sevillanas/ el Flamenco ont toujours été étroitement lié avec le toreo. De nombreux toreros ont eu des relations amoureuses avec des artistes flamencas

    Rafael el Gallo et Pastora Imperio, Francisco Rivera Paquirri et Isabel Pantoja Javier Conde et Estrella Morente

    La famille Pareja Obregon
    Esau Fernandez et Maria Toledo

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